Fabriquer un kayak en bois (3ème partie)

 Dérive, petite trappe et voile

L’aventure continue !

Le kayak a été "armé" avec une ligne de vie, un filet de pont et des élastiques. Un chariot pliant a aussi été construit.Il devait pouvoir flotter et entrer démonté dans les trappes. Des roues de trottinette récupérées ont été le point de départ.

Ce kayak m'a permis de naviguer dans différents contextes et de progresser. Je peux maintenant apprécier ses qualités marines. Il est très agréable dans beaucoup de conditions de mer, léger (autour de 20kg à l'époque), assez directeur, assez stable sur la gîte.

Peu gironné, le bateau a une bonne glisse, mais les pointes sont souvent immergées en mer formée. On apprend ainsi à tourner sur le haut des vagues. En surf, l'avant plonge très vite, mais le kayak reste très contrôlable.

Après quelques temps, des modifications se sont imposées. Une dérive est plus confortable par vent soutenu. Une voile est une aide appréciable pour les traversées un peu longuettes...Une petite trappe accessible en navigation me manquait également, mes trappes étant difficiles à manier sur l'eau.

Si je devais construire ce kayak maintenant, j'installerais la dérive avant de sceller le pont pour une meilleure accessibilité, et un gain de poids notable.

J'ai donc dû lui ouvrir le ventre...

Une "fausse" trappe est tracée sur le pont arrière à l'aplomb de la future dérive. De l'adhésif  protège la surface et réduit les éclats lors de la coupe. Perçage pour le passage de la lame de scie sauteuse.

Quand on a construit son propre kayak, on n'hésite pas trop à tailler dans le vif...


C'est tout de suite beaucoup plus accessible !

L'ouverture est égalisée en vue la fabrication du futur couvercle.

Des repères sont tracés en estimant la meilleure position possible et les dimensions du caisson de la dérive.

Après avoir aplani l’arête, des trous sont percés.

La fente est égalisée à la scie, puis à la lime.

Pour éviter que des cailloux ne viennent se coincer plus tard dans le puits de la dérive, je vais essayer de l'ajuster et de la faire affleurer.

Une plaquette de CTP et du papier de verre pour finir les bords.

Entre temps, une plaque de CTP est découpée à une taille légèrement supérieure à l'ouverture de "visite". Il serait dommage de ne pas jouer avec cette belle forme... Le motif est peint à l'acrylique.

Il est teinté sur les parties bois.

L'ouverture est ajustée à la taille de la dérive ainsi que de son pivot qui doit pouvoir passer par l'extérieur pour des démontages ultérieurs.

Extérieur comme intérieur sont poncés. Les restes de colle antérieurs sont grattés pour atteindre le bois. Il ne faudrait pas qu'un choc puisse créer une voie d'eau pas décollement du puits de dérive.


Une découpe pour la petite trappe derrière l'hiloire est pratiquée et poncée pour un collage optimum.

La commande est installée pour préparer le passage de la gaine avec le moins de virage possible et un chemin idéal pour ne pas gêner le remplissage du caisson.

Le puits de dérive a été modifié et ajusté à la forme de la coque, puis collé à la résine chargée de fibre de cellulose. Une cale maintient le puits en position.


Des cales de chaque coté de la dérive maintiennent l'ouverture pendant le collage.

Le papier épais que l'on peut plier rapidement est bien pratique dans ce cas.

Autant coller la petite trappe dans la foulée. On fait toujours trop de colle...

Cette petite trappe sera très pratique en navigation pour y glisser des bricoles qui ne souhaitent pas tremper dans l'eau pendant des séances d'esquimautage ou des passages plus arrosés...

Un tube inox est inséré juste derrière la cloison de l'hiloire qui a la bonne idée d'être verticale. Son placement aurait pu être un peu plus arrière pour ne pas gêner le pagayage. Par contre, il a l’avantage d'être très accessible en navigation. Je peux facilement placer le mât et l'enlever en étant assis, jupé, et la pagaie en main.


Le puits de mât est collé et renforcé par du tissu de verre.

Le puits de dérive est renforcé également avec de la fibre de verre.

L'ouverture ayant été ajustée à la taille du futur couvercle, des bords en CTP sont collés pour faciliter le placement et un appui précis.

 

La gaine est collée à tous les endroits possibles pour éviter qu'elle ne bouge et que cette élasticité ne crée du mou dans la commande de dérive. L'avenir me confortera dans ces choix.

Les roues du chariot sont renforcées par des congés de résine chargée au niveau de l'alésage. Là aussi, cette précaution fera ses preuves lors de chariotages dans différentes conditions avec parfois des passages épiques en ferry ou sur des quais corses...

Le tube de cuivre n'est pas l'idéal, de l'inox aurait été plus efficace, mais à l'usage, associé à un axe en inox, avec graissage régulier, le chariot s'est comporté très honorablement comparativement avec des chariots du commerce parfois bien décevants...

Sachant par expérience que l'arrière peut parfois prendre de sérieux coups en session de "rase-cailloux", un congé de résine chargé en micro ballon est ajouté autour du puits. Ponçage des parties à stratifier autour de l'ouverture.

De la mousse enveloppée dans du ruban adhésif protège l'intérieur du puits et crée un bord net pour la stratification extérieure à venir.



Les morceaux de fibre sont découpés et placés dans l'ordre de pose. Il est toujours plus pratique de n'avoir pas à manier les ciseaux avec les doigts plein de résine...

Après séchage, la mousse laisse un bord franc plus facile à araser ensuite.


Il doit être possible de se passer de ces renforts mais les problèmes de dérive sont tellement handicapant en randonnée que je préfère assurer. Depuis plusieurs années de bons et loyaux service, la dérive a fonctionné parfaitement.

La commande a été placé plutôt en arrière de l'hiloire pour réduire la longueur du câble et avoir plus de précision. Avec la voile, c'est un plaisir de contrôler la direction avec une sortie plus moins prononcée de la dérive.



Le câble est coupé et serré pour une ouverture optimum. Pas trop sortie, et un peu de marge pour la fermeture, si le câble se détend à l'usage.

Il est temps de refermer le pont arrière et de stratifier.

Ponçage pour rendre cette "rustine" plus discrète... Hélas le temps humide a rendu la résine moins transparente.

Le puits de mât est couronné par un anneau en bois pour être palpable "à l'aveugle". La petite trappe est finie. Son couvercle sera assuré par un bout lié à l'anneau juste à coté.

Les lignes de vie et les élastiques sont replacés.

Mon petit chariot est renforcé par des alésages en cuivre. L'axe visible en cuivre n'est là que pour le collage. Il est en inox à l'usage. Ce chariot articulé se démonte pour entrer facilement dans les caissons. Lors de randonnées où la place se fait rare, il loge dans le cockpit, les roues attachées  par un cordon et un clips, le reste est emboité à coté de la pompe dans une forme stratifiée. Le système fonctionne toujours parfaitement et n'a jamais occasionné de dommage sur la coque. La sangle unique permet d'être manipulée d'une main, pendant que l'autre soulève le kayak. Elles est serrée puis passée dans la ligne de vie pour empêcher le glissement du chariot pendant le roulage.

La voile est fixée à un mât en fibre de carbone (jonc de cerf-volant). Une drisse passant autour d'une boucle derrière la trappe arrière, permet un réglage facile. La drisse revient vers l'élastique juste devant l'hiloire et se règle grâce à un nœud coulissant très utilisé en montagne. En cas de problème, la voile se démonte très rapidement. Il suffit d'attraper le mât et de le sortir de son logement. La voile peut traîner derrière dans l'eau et ne gêne pas un esquimautage. Elle peut se rouler très vite et serrée par la drisse, le tout se glisse sur le pont devant le cockpit. Les coups de vent forts sont assez contrôlables avec un appui si nécessaire. Un souvenir de la remonté de l'Aber Benoit et des regards étonnés voyant ce drôle de navire traçant sans un coup de pagaie...

On peut considérer la voile comme un élément de sécurité quand il faut rentrer, avec un kayak en remorque ou être visible en pleine mer par des navires bien plus rapides. Souvenir du Condor en allant sur les Minquiers...

Et puis c'est beau !

Une dernière partie parlera des changements des couvercles des trappes. Ceux d'origine m'ayant joué quelques tours...



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