Fabriquer un kayak en bois (1ère partie)

Sur l'Aber Benoit
Mon choix s'est porté sur le Shearwater de CLC, un plan d'Eric Shade.
Les lignes de ce kayak sont magnifiques. Il faut dire que le jour où j'ai décidé de construire ce bateau, je n'y connaissais rien en kayak de mer. Mais je le trouvais beau.
Le plan est venu des USA par un voyageur. 90 $. Accompagné d'un petit dossier en anglais détaillé.
Le contre-plaqué, la résine époxy, la fibre de verre et autres accessoires de base commandés, l'aventure commençait !
Du coup, je m'inscrivais à mon premier rassemblement international de kayak de mer, le kayak à l'état de fantasme. Confiant le gars !

Voilà toute l'histoire...

Trois grandes plaques de CTP de 4 mm, une table ping-pong, le plan, c'est parti !


Et le plan, c'est un beau plan ! Plusieurs mètres !


Les contours sont reportés avec une roulette à pointes. Repris au crayon pour être assez visibles.


Les morceaux sont découpés à la scie sauteuse et identifiés.


Le CTP est peu épais, les découpes longues et fines. Un tréteau évite la rupture en fin de coupe.


La suite se déroule dans un vieux pigeonnier, seul endroit abrité assez grand dont je dispose. J'ai une diagonale utilisable. Je vérifie que la sortie est possible par la fenêtre, une fois assemblé...


Ayant choisi du CTP "marine" d’okoumé, les parties supérieures sont teintées. 


J'espère être assez zen sur l'eau plus tard... 
Un symbole décoratif est peint sur le pont, à l'acrylique après un tracé au crayon.

 Idem pour les flancs, à la proue. Oui, il faut commencer à parler "bateau"...


Le résultat est sympa. A voir une fois stratifié...


Ce temps de teinture me permets de faire l'inventaire des différentes pièces, et de me mettre dans le bain.


Le kayak mesure 5,20 m. Les panneaux de CTP, 2,50 m. Il faut donc raccorder les bouts... 
Une partie est amincie sur une bonne largeur.


Petits ajustements pour être bien alignés.


Un film plastique protège le support. Un adhésif maintient les deux parties. La fibre de verre ( 200gr/m²) est prête. Deux épaisseurs au feeling.


Passage de la résine ( SR 5550 de chez Sicomin) au pinceau.


Pose de la fibre. Une couche après l'autre, en enlevant les bulles d'air.

 Un film plastique pour avoir un beau fini sans ponçage et ne pas adhérer à la presse. Les plastiques d'emballage épais, de matelas, n’adhèrent pas à la résine, c'est pratique.


Un bout de bois aggloméré, un objet lourd et au suivant.


L'espace de travail est optimisé pour faire le maximum de collages en même temps. On voit le bidon de 7 litres de résine nécessaire à la fabrication du kayak. Il m'en restera assez pour faire des pagaies, charriot et autres bricolages...


Le film enlevé, c'est propre.


Au verso, c'est bien aussi.


Sur certains collages, la résine est passée dessous. J'espère qu'avec la stratification, ces différences d'aspect disparaîtront...


Tous les morceaux sont assemblés. On y voit plus clair !


L'excédent de fibre est raboté avec un rabot dédié. Il sera réaffuté souvent...

Les choses sérieuses commencent. Il faut percer des trous  de 2 mm, tous les 10 cm à 1cm environ du bord.

Pour être certain qu'ils soient bien en face, les deux parties sont tenues par des serre-joints.


Les parties constituant l'étrave sont biseautées au rabot pour améliorer l'ajustement.


Le biseau est plus ou moins marqué en fonction de l'angle entre les deux plaques. Assez simple si l'on repère sur le plan des endroits où les angles sont bien visibles et de faire un dégradé, d'un endroit au suivant. 


On voit bien que les raccords ne sont pas aux mêmes endroits mais répartis sur la longueur du kayak.


Même programme pour toutes les parties à assembler. Travail minutieux à faire en musique...


Les parties effilées me posent question. Je décide de ne pas percer quand c’est trop fin. On verra au moment décisif.


Il est conseillé des fils de cuivre, mais je n'en ai pas trouvé. De plus, j'ai un stock de fil de fer fin. Les essais sont positifs. 


Je commence par la proue, sur l'étrave. On ne serre pas trop au début pour laisser du "mou", pour faciliter les réglages.


Il faut avoir des brins assez longs pour que ce soit pratique et rapide. Le fil de fer fatigue vite les doigts... Je commence à regretter le fil de cuivre !


Tous les 10 cm sur 5 mètres... Patience !

Des tréteaux sont modifiés pour accueillir le futur kayak. On voit sur le sol, les morceaux assemblés.


Le fond est ouvert comme un livre. Les couples sont posés à leur place.


Les couples sont fixés également avec des fils de fer.


Les fils sont resserrer progressivement pour réduire les jours importants.


C'est encore très souple. Les volumes se dessinent doucement.


La poupe est très "pincée". Je regrette un peu les fils de cuivre pour ces parties plus fragiles que le fil marque plus.


Idem pour la proue.


Le flanc "tribord" est assemblé. Tribord, c'est à droite en regardant devant, allons !


Le repérage et les traçages sont très utiles pour percer aux bons endroits et ne pas déformer le montage.


De bonnes pinces, un travail régulier et de la bonne musique...


Placer les fils sur les couples, en premier, facilite l'assemblage. Les doigts chauffent un peu.
Pas le temps de faire de guitare de toutes façons...


Les trous et les fils sur les parties délicates sont faits avec prudence...


Le flanc "bâbord" est monté.


Resserrage de fils pour équilibrer les tensions.


Un peu plus acrobatique dans les extrémités où l'espace est réduit.


Un peu de soleil aide à voir où il faut serrer...


C'est le moment de donner un petit coup de rabot ou de lime quand nécessaire.


L'assemblage de l'hiloire que je redoutais un peu se passe sans souci. Le plan est très bien fait et j'ai bien découpé les formes. Et puis ça commence à ressembler à mon rêve...

 C'est là que je serai assis !


Des "faux couples" sont prévu pour le montage. Il seront enlevés pour la stratification.

Un jeu de tréteaux est modifié pour accueillir le pont et travailler confortablement.


Même travail d'ajustement.


Difficile de s'arrêter... Tous les morceaux ont trouvé leur place. La nuit sera peuplée de rêves d'Océan !


Plus un jour, cette nuit. (ah ah ah !) Humour d'ajusteur...


C'est bien fin et pointu tout cela... On va voir comment gérer ces parties.


Mais dans l'ensemble, c'est assez joli. Le kayak "sonne". Ce ne sont plus des morceaux mais un volume !


Inspection de la jonction entre pont et coque.


Tiens, il fait jour ?


Petit temps pour bien aligner et repérer les parties à mettre en vis à vis. Je commence au niveau des couples.


Les fils sont très détendus pour le moment.

Des cales de même épaisseur sont placées...

Tout le long du bateau...

On voit assez vite si le plan de joint est vrillé, et par conséquent, le kayak aussi.

Une partie un peu acrobatique commence pour enfiler les fils dans cet espace réduit, d'où les cales...

Que l'on enlève et remet pour avancer dans le nouage.

En préformant le fil en crochet, on arrive assez vite à trouver le chemin...

 Au final, les parties fragiles sont "enveloppées par le fil.


Les cales sont enlevées et les fils resserrés.


Là aussi, ce peut être le moment de donner un coup de lime pour ajuster les raccords.


C'est surtout au emplacement des couples que des écarts sont visibles.


Prendre différents angles pour observer les ruptures dans les lignes est importants. On voit vite ce qui "cloche".


Il est temps de fignoler certains endroits essentiels comme la proue.


Puis tout est démonté.

La forme est maintenue par élastique ou ruban adhésif.

Surtout les pointes fines...

A l'avant comme à l'arrière.

Des adhésifs sont collés au dos de la future stratification pour éviter les coulures, surtout où il y a risque...

Tout ce qui est suspect est corrigé.

Chaque couple est vérifié.


Les couples provisoires sont moins ajustés s'ils ne perturbent pas "les lignes"...


Pour suivre la courbe imposée par le couple du pont avant, j'ai dû affiner à la meuleuse, le CTP de 4 mm par l'intérieur. Il serait possible de faire le pont en 3 mm, plus facile et plus léger. Mais pas de regrets, ça colle.


Un joint de collage est placé en évitant les fils, avec de l'époxy chargée de fibre de cellulose, pour rendre la résine plus épaisse et résistante. Avec une spatule ou le doigt quand c'est plus commode...


Pas besoin d'en mettre trop. Gare au poids !


Plus c'est propre, moins il y aura à poncer...


Les couples provisoires ne sont pas collés, bien sûr...


Plus c'est propre, plus facile sera le démontage des fils de fer...


Le pont et la coque sont assemblés (sans être collés) par des adhésifs pendant le durcissement des joints.


Là aussi, bien vérifier que les lignes sont fluides et que les adhésifs ne forment pas des creux.


Ne pas hésiter à varier les points de vue.
J'aurais dû encore plus passer de temps à peaufiner ce moment car certains défauts ne pourront plus être corrigés ensuite. Surtout au niveau du fond du bateau, très déformable.


Un kayak de mer a des trappes pour y ranger plein de choses que je découvrirai par la suite...


Le cadre est constitué de plusieurs épaisseurs de CTP, collées.


Les fils sont enlevés au emplacements des cadres.


Puis la forme est tracée.


Puis découpée... Petite sueur quand il faut percer son beau bateau après avoir passé tant de temps à le construire. La suite me prouvera qu'on peut percer un kayak assez facilement... (Humour de kayakiste)


La notice n'est pas de trop pour comprendre comment tout est agencé.


Le principe est simple. Le couvercle vient s'appuyer sur un cadre collé à l'intérieur du pont. Un joint plat assure (en théorie) l'étanchéité.


Mon intuition me dicte de ne pas négliger cette étape sous peine de déboires futurs...


Il est temps d'enlever les fils. On comprend le terme "cousu-collé"...


Un joint plus large englobe le précédent. Il est en résine époxy chargée de micro billes de silice. Il est là pour arrondir la jonction entre deux surfaces et permettre la future stratification tout en étant le plus léger possible. Lui aussi est teinté. Il bouche la multitude de trous que libèrent les fils.


Ce couple provisoire est encore en place pour éviter une déformation du pont.


Pendant ce temps, les cadres sèchent.

Pas toujours facile de travailler proprement quand la résine prend vite...
Il est préférable de faire de petites quantités de résine pour ne pas stresser.


Les parties plus visibles sont protégées par des adhésifs pour avoir un joint plus régulier.


Collage des cadres.


Le bidon d'acétone n'est pas loin pour nettoyer les grosses bavures...


Quand les angles de jonctions sont très ouverts ou très fermés, c'est plus coton.


L'arrière a le pompon !


Les parties verticales aussi... Le mélange ayant tendance à couler vers le bas. J'ai parfois usé d'adhésif pour le maintenir et avoir un arrondi correct.


La finesse du pont à l'arrière m'interpelle.


Collage des cadres des trappes. On va éviter les trous...

J'en profite pour combler les manques.

Pas toujours facile d'avoir la même teinte, d'un mélange à l'autre.


Finition des cadres.


Bien veiller à n'induire aucune torsion du plan de joint.


Des sangles larges maintiennent parfois les formes pendant les collages.


Le tissu de verre est découpé avec de la marge sur les cotés mais avec 2 à 3 cm de plus coté couple.


Un petit coup de ciseaux dans les coins évite les plis gênants.


L'intérieur du pont est stratifié en même temps.


La transparence de la stratification laisse apparaître la beauté du bois et tous les défauts...


Comme je crains de n'avoir pas assez de tissu, j'optimise les découpe en faisant des pièces avec peu de chutes.


Heureusement qu'on ne regardera pas trop à l'intérieur...


Les cadres des trappes sont ainsi bien liés au pont.


Les parties avant et arrière ne sont pas entièrement stratifiées. Seulement les joints avec une bande de 5 cm de tissu. Les couples sont recouverts de résine dans la foulée.

Avant que la résine ne soit trop dure, les excédents sont coupés au cutter. 
J'en profite pour parler des protections. Dés le début, j'ai utilisé un masque 3M avec cartouches "produits chimiques", des gants fins et des gants de ménage, des vêtements "dédiés". La résine et l'acétone, qui permet de nettoyer le matériel, ne sont pas bon du tout sur la peau et dans les bronches. Les fenêtres sont ouvertes constamment avec une bonne circulation d'air dans la pièce.


C'est au tour de l'hiloire...


Et du reste du kayak.


Le pont est assemblé à la coque.


Il faut repercer les trous proches de la jonction.


Bien plus confortable avec du fil de cuivre...


Il me faut des pagaies pour compléter le kit "explorateur des mers". Des formes trouvées sur le net sont découpées dans une chute de CTP. Les experts, ne riez pas, SVP !
 
Le collage est un moment mémorable, acrobatique, où il faut coller une bande de tissu imprégnée, enroulée sur elle-même et déroulée sur le joint, par l'intérieur. A l'aide de baguettes et de pinceau fixés dessus, la bande est appliquée le plus proprement possible...

 Avant que le collage soit définitif, les fils sont enlevés. Heureux d'avoir utilisé des fils de cuivre plus faciles à extraire de façon plus "brutales"...

Comme je n'ai rien de mieux, j'ai collé une tringle à rideau en bois de chez Bricotruc, et courbé la pale sous serre-joints.

Toute la coque est poncée soigneusement. J'épargne le plus possible les motifs peints.

 C'est assez agréable, ce ponçage. La coque est toute douce sous la main.

La deuxième pale est collée. Mon temps est optimisé au maximum. En général, j'essaie de faire de la résine le soir pour pouvoir attaquer une autre tâche le lendemain, et ne pas attendre les bras croisés...

Les derniers défauts sont bouchés à la pâte à bois et poncés.

Le livret préconise trois couches de tissu sur la coque. Une grande pièce jusqu'à la jonction pont-coque, une autre plus petite jusqu'au premier angle, puis une bande étroite au centre. Je préfère l'ordre inverse qui permet de mieux englober les pièces précédentes et éviter les bords qui "rebiquent".

On voit bien ici sur la poupe la première et deuxième couche.

Et sur la proue. Pourvu que le motif "sorte" bien.

La dernière pièce enveloppant les autres.

Les grands excédents sont coupés "large", avant qu'ils ne soient imprégnés et donc inutilisables par la suite.

La résine est versée puis étalée avec une spatule large le plus rapidement possible, en commençant par le haut, en allant vers les bords. Les bulles d'air et les plis sont chassés impitoyablement.

Les pointes ne sont pas les plus faciles mais les déformations possibles du tissu permettent de suivre les formes.

Sympa de voir les veines du bois apparaître. Tiens, il fait nuit ?
On peut voir que j'utilise des boites de conserve pour les mélanges (on imagine bien mon régime alimentaire pendant la construction), des seringues que je nettoie régulièrement et beaucoup de chiffons.

 Le kayak est retourné.

On voit l'adhésif qui protège le pont des coulures de résine.

 Attention aux doigts. C'est un vrai hérisson.

L'excédent est coupé délicatement encore.

Le pont est stratifié.

Une partie du tissu vient couvrir la coque sur quelques centimètres.

Les trappes ne sont pas oubliées. Il semble que la nuit soit bien entamée...

Le tour de l'hiloire est constitué d'un empilement de moitiés de formes, chapeautées par une forme plus large en CTP d'une seule pièce.

Tous les serre-joints sont mobilisés pour un collage à l'époxy chargée de cellulose et teintée.

 Un joint est lissé pour arrondir la section.

Il ne faut pas de trop gros doigts...

On distingue le morceau de sac poubelle censé protéger l'intérieur  des coulures.

Une semaine est passée. Je dois partir et emporter le gros bébé. Il est ficelé comme un gigot.

Mes premiers nœuds marins...

Mes estimations étaient bien fondées. Le kayak "passe". Je vais pouvoir le sortir sans avoir à le découper... Une couverture adoucit le contact.

Paré au décollage !

Et hop !

 Oui, l'atelier était à l'étage...

Pas si large que ça, le pigeonnier...

Un geste que je vais répéter bien des fois par la suite, pour mon plus grand plaisir. Le chargement sur le toit de mon camion. Mon ancien camion... Séquence "Nostalgie" .

Et voilà, fin de la première partie de la construction et de ce reportage.
La suite bientôt... Si cela intéresse du monde.








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